Moscou, Rassemblement pour la défense de la place Pouchkine
Rassemblement pour la défense de la place Pouchkine
Le 6 décembre à Moscou a eu lieu un rassemblement pour défendre la place Pouchkine, menacée de reconstruction, et inciter les parlementaires de la ville à ne pas adopter le nouveau schéma directeur d'aménagement de Moscou ainsi que les règles d’occupation des sols et de construction. L’initiative de l’action venait de plusieurs organisations de la gauche : le mouvement social Mossovet, le Front de gauche, RKRP-RPK (Parti communiste ouvrier), les mouvements Vperiod (« En avant ») et Solidarnost.
Rassemblement pour la défense de la place Pouchkine
Le 6 décembre à Moscou a eu lieu un rassemblement pour défendre la place Pouchkine, menacée de reconstruction, et inciter les parlementaires de la ville à ne pas adopter le nouveau schéma directeur d'aménagement de Moscou ainsi que les règles d’occupation des sols et de construction. L’initiative de l’action venait de plusieurs organisations de la gauche : le mouvement social Mossovet, le Front de gauche, RKRP-RPK (Parti communiste ouvrier), les mouvements Vperiod (« En avant ») et Solidarnost. Près de 100 personnes ont pris part au rassemblement, dont les représentants du Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki et de l’OGF (Front civique uni, parti d’opposition libéral).
Le meeting a été ouvert par l’un des coordinateurs du Mossovet et du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, qui a expliqué que le schéma directeur d'aménagement de la ville et les nouvelles règles d’occupation des sols ne devaient pas être adoptés dans leur forme actuelle qui était inadmissible pour les citadins. Les bureaucrates ont empêché les habitants de consulter ces documents et rendu les débats publics entièrement formels. Selon Oudaltsov, au lieu d’adopter ces documents tendancieux, les députés du parlement de Moscou devraient organiser de véritables débats sur l’environnement urbain avec des experts indépendants ainsi que le grand public.
Rassemblement pour la défense de la place Pouchkine
Le discours de Marina Ojiganova, coordinatrice du groupement citoyen « Place Pouchkine », était consacré au deuxième grand sujet du meeting. Les autorités municipales viennent en effet de relancer leur projet de construction souterraine sur la place Pouchkine: le 12 novembre 2009 le maire Youri Loujkov avait tenu une réunion à ce sujet. Si le projet est réalisé, la Place, monument historique de Moscou, deviendrait méconnaissable. Le relief naturel sera égalé, des puits d’aérage encombrants apparaîtront.
Selon Marina, le projet de construction n’a pas été discuté avec les habitants du voisinage. Les autorités de la ville ne les informent pas de l’avancée du projet et font la sourde oreille à leurs protestations. En fait, toute construction sur la place Pouchkine est illégale, celle-ci étant officiellement reconnue monument du patrimoine culturel.
Alexeï Klimenko, membre du Conseil des experts auprès de l’architecte principal de Moscou, a parlé en détail des plus importants problèmes des projets du schéma d'aménagement de la ville et des règles d’occupation des sols. Il a indiqué que le nombre de Moscovites ayant participé aux débats publics ne dépassait pas 1% et que ces débats avaient été organisés au moment le moins convenable pour les citadins, en pleines vacances d’été.
Rassemblement pour la défense de la place Pouchkine
Le coprésident du mouvement « Solidarité des habitants » Dmitri Kataiev a indiqué dans son discours que le projet de la reconstruction de la place Pouchkine était purement commercial. Initié sous prétexte de résoudre les problèmes de transport de la capitale, il ne ferait en réalité que les aggraver par la construction d’un tunnel sans échangeurs routiers sur les places voisines.
L’un des leaders du mouvement Solidarnost, Olga Kournosova, venue de Saint-Pétersbourg, a salué les Moscovites de la part des militants sociaux et politiques de la « capitale du Nord » et a parlé en détail de la lutte des pétersbourgeois contre la construction du gratte-ciel monstrueux « Okhta-tsentr » (la fameuse tour de Gazprom).
Vassili Rybakov, un autre coordinateur du Mossovet, a informé les manifestants du danger d’effondrement du sol si le chantier démarrait. Selon Rybakov, la politique à courte vue des autorités de Moscou pourrait également mener à une catastrophe à Kapotnia, banlieue du sud-est de Moscou. Dans ce secteur est à nouveau envisagée la construction de nouveaux tunnels de métro (alors que ce projet a été bloqué à deux reprises par la mobilisation des habitants, en 1988 et en 1993). Or les vibrations pourraient toucher les conduites de gaz et de pétrole et une onde d’explosion et de feu passerait alors par les tunnels de métro.
Des militants du Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki (dans la banlieue de Moscou) étaient également venus apporter leur soutien aux Moscovites. Leur représentante, Alla Tchernyshova, a parlé de la situation de la forêt de Khimki. V. Poutine a condamné 150 ha de forêt à être abattus, malgré la longue lutte des habitants et l’existence d’alternatives officiellement reconnues pour la construction de l’autoroute Moscou – Saint-Pétersbourg. En outre, les militants de Khimki ont indiqué que le nouveau projet de périphérique conduirait à l’extermination presque totale de l’écran forestier de Moscou et ont appelé tous les Moscovites à faire front commun pour la défense des forêts autour de la capitale.
Un incident classique à signaler. Un groupe de jeunes gens (une vingtaine) a fait soudainement irruption dans le meeting avec des pancartes demandant la construction d’un centre commercial sur la place Pouchkine. Les jeunes n’ont guère d’ailleurs dérangé, passant leur temps à chercher un certaine Maxim censé les payer pour leur prestation.
A la fin du meeting les participants ont adopté une résolution adressée aux autorités locales et exigeant l’ « arrêt immédiat de la réalisation du projet illégal de reconstruction de la place Pouchkine », ainsi que l’ « organisation de débats publics ». Il est également déclaré dans l’appel que « les projets du schéma directeur d'aménagement et des règles d’occupation des sols demandent une considérable modification et de nouveaux débats publics et ne peuvent donc pas être discutés au parlement de Moscou dans leur forme actuelle. Les fonctionnaires responsables pour avoir organisé une limitation de débats publics et gaspiller les ressources budgétaires doivent être traduits en justice conformément à la loi ».
Les habitants essaient de concerter leurs efforts. Le 5 décembre, près de la statue de Pouchkine, ils ont commencé à recueillir des signatures pour l’ouverture d’une campagne de défense unitaire de la place centrale de Moscou. La date n’avait pas été choisie par hasard : c’était l’anniversaire du début de la bataille de Moscou en 1941. Pendant le meeting, plusieurs orateurs ont comparé les actions des autorités de la ville aux crimes des Nazis qui avaient détruit les villes et exterminé le patrimoine historique et culturel, et ils ont appelé dans leurs discours à résister à ce barbarisme.